Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont la deuxième cause de décès dans le monde pour les jeunes filles de 15 à 19 ans, selon le rapport d’information N°262 du SENAT de janvier 2019.

Au Mali, les études manquent quant aux chiffres réels  sur le nombre de cas de grossesses rapprochées enregistrées. Seules quelques thèses frôlent vaguement le sujet. 

La plupart des gynécologues recommandent de respecter un intervalle de 18 à 24 mois avant d’envisager une nouvelle grossesse.

Pour autant, les réalités au Mali sont diverses et les raisons évoquées sont souvent surprenantes.

Si les grossesses arrivent par accident chez certaines femmes, d’autres par contre le font sciemment pour vite terminer leur maternité, ou encore pour dissuader leur mari d’épouser d’autres femmes comme l’autorise la religion musulmane.

Selon Madame Ndiaye N S, « Si je suis au courant à temps que mon mari souhaite épouser une autre femme, alors je fais tout pour tomber enceinte. Ainsi à cause de mon état de santé et des dépenses qui découleront de la grossesse, il n’aura plus l’esprit à entreprendre un nouveau foyer !»

Cependant, Selon l’avis du Docteur, Arouna Abdoul Touré du cabinet médical « Mohomone »  qui  a cinq ans d’expérience, de plus en plus de cas de grossesses rapprochées révèlent qu’elles comportent plus de risques de complications pour la maman et le bébé.

« Les grossesses rapprochées n’ont pas d’avantages mais plutôt des inconvénients tels que la mise en danger de la santé de la maman, des problèmes au niveau de l’utérus, des difficultés d’allaitement de l’enfant. Une grossesse est considérée comme rapprochée de la précédente  lorsqu’il y a moins d’une année d’âge entre les deux enfants. Le minimum c’est deux ans. » ; dixit Docteur Touré.

L’une des conséquences les plus fréquentes est la naissance d’enfant prématuré avec un faible poids et un retard de croissance.

Quant à la mère, il est préférable d’attendre qu’elle reconstitue sa réserve  en fer et que son périnée se consolide car ce dernier organe est très sollicité lors de l’accouchement.

Les grossesses trop rapprochées sont particulièrement déconseillées à la maman qui a subi un accouchement prématuré ou une césarienne.         

Selon Salimata Traoré, victime de deux grossesses rapprochées, mariée il y a seize ans, mère de six enfants : « on a eu des difficultés mon mari et moi, quand j’ai été victime de grossesses rapprochées. L’enfant ne grandissait pas normalement. C’était une période très fatigante. Il fallait s’occuper du nouveau né malade et de la grossesse qui était en cours. Mon mari payait les ordonnances et moi aussi je contribuais. Malgré ces deux grossesses rapprochées je travaillais pour l’aider. Je préparais la bouillie pour les autres enfants et j’allaitais au sein le dernier. Dans notre cas, c’était un accident je ne savais pas que j’étais enceinte. Le jour où je l’ai appris ma première réaction a été de me poser la question : comment je vais faire ? Ma décision est de me planifier pour éviter de vivre une nouvelle fois cette situation qui m’a vraiment fatiguée ».

Pour Massan Fané, femme assez âgée et vendeuse de condiments au marché Dibida : « ma plus jeune fille a été victime de grossesses rapprochées, son enfant avait  à peine trois mois qu’elle était déjà enceinte d’un autre. J’ai dû lui reprendre l’enfant jusqu’à la naissance de l’autre car la petite était tout le temps malade et était en retard de croissance. De mon temps, c’était un signe que  futur bébé serait un garçon car c’est lui qui depuis le ventre de sa mère agit sur la santé et la croissance de sa grande sœur qui est au sein».

D’après le Docteur, Arouna Abdoul Touré, la médecine recommande de continuer à allaiter l’enfant même si la maman est enceinte, si possible jusqu’à la naissance du nouveau bébé.              

 

Koita Fatoumata Diaby pour Nouvelles du Mali.