L’encens est une association de plante et de parfum.  Cette résine aromatique venant d’ici et d’ailleurs et très appréciée  par les femmes en Afrique et plus précisément celles du Mali et ce depuis la nuit des temps.

Afin aider les femmes à adoucir le confinement, Nouvelles du Mali est allé à la source pour donner aux auditeurs les secrets de ce produit mystique.

Habi Sakiliba est vendeuse d’encens (woussoulan) en bambara au marché artisanat de Bamako. Cette femme d’une autre génération nous parle de ces produits qui lui font vivre depuis longtemps. Cette brave dame déplore le manque d’utilisation de l’encens par les femmes d’aujourd’hui. D’après elle, l’encens permettrait d’envouter, d’amadouer et même de retenir un homme. Elle nous donne aujourd’hui sa recette de woussoulan pour inciter les femmes mariées qui ont le temps d’en fabriquer elle-même pour maintenir la bonne odeur à la maison et aussi captiver l’attention de leur mari.

« Je vends plusieurs types de « woussoulan » parmi lesquels je peux citer le « gueni, magno kisseni, djékalani, salatini)

Ma spécialité et ce que je vends le plus souvent c’est le djékalani qui est une plante. J’ai ma propre recette de djékalani qui provient du Maroc. On doit d’abord les fendre en brindilles et enlever toutes les saletés. Pour 1 kg de djékalani, on  divise en deux un ½ kg ou ¼ kg de magno kisseni  qu’on ajoute selon notre convenance. Après on imbibe le tout d’eau de Cologne (rêve d’or, came, solonidji) pour que ça soit plus mou et on laisse ainsi fermenter pendant un mois.

Après fermentation, on reprend et on ajoute une composition de plusieurs petits parfums comme « mourouni, fougani, trois têtes, aromatique, neuf neuf) allant de  10 000F CFA à 20 000F CFA et on rajoute l’autre moitié de magno kisseni ensuite on le met avec le récipient de préparation au soleil pendant une semaine pour que le mélange se marie et soit homogène. En dernière position, on met la composition obtenue dans d’anciennes boites de moutarde, de confiture ou de mayonnaise prête ainsi pour la vente. Les produits ainsi finis se vendent à partir de 3 000F CFA jusqu’à 100 000 FCFA. Mes principaux clients sont des femmes et quelques rares hommes qui achètent pour en faire cadeau à leur femme ».

Mamadou Sissoko, marabout à bolibana nous raconte que l’encens a toujours existé dans la religion musulmane et qu’il est aussi utilisé par les marabouts pour l’attrait de sa bonne odeur.

D’après Madame Yara, commerçante import- export à Bamako, «  l’encens c’est ma vie, je le préfère aux désodorisant que les femmes utilisent aujourd’hui dans les maisons. Pour ma part, je ne sors jamais de ma maison sans au préalable avoir brulé mon encens et où que je passe, les gens me reconnaissent d’abord par l’odeur de mon encens.»

Quant à Madame Diallo secrétaire de direction, « je brûle chaque matin de l’encens en arrivant au bureau. Son odeur fait fuir les insectes, les mauvaises odeurs, et apporte une bonne humeur. Tous mes collègues me félicitent d’ailleurs pour l’arôme que dégage mon bureau chaque jour. »

Pour monsieur Dia, l’encens a un tout autre sens, « j’ai commencé à aimer ce produit dans la chambre nuptiale qui a suivi mon mariage et depuis j’en fais tout le temps cadeau à ma femme. A chaque fois que je sens cette bonne odeur en rentrant du travail, je n’ai plus envie de ressortir et j’aspire seulement à rester aux côtés de ma femme qui ne se départie jamais de cette bonne odeur. »

 

En cette période de pandémie où l’Etat a décrété un couvre-feu de 21h à 05h du matin, bon nombre de personnes sont stressés. L’encens par son pourvoir enchanteur et la magie qu’il dégage peut aider plus d’un à rester à la maison et même à y prendre un certain plaisir.

Alors mesdames, cultivons la bonne odeur à la maison !!!!

 

 

Mariam Kouyaté, Fatoumata Diaby pour Nouvelles du Mali.