Couvre-feu oblige, passer plus de temps ensemble rime avec casser la monotonie, alors en ces temps durs, pensez mesdames à vous mettre à la page.

Les « Péntèlú » sont de tous petits pagnes décorés que les femmes d’Afrique de l’Ouest utilisent comme nuisette ou comme sous vêtement.

Fidèle à sa ligne éditoriale, Nouvelles du Mali a tendu son micro à Fanta Koné une experte en la matière qui nous explique les dessous de ce petit bout de pagne aguicheur.

Fanta Koné vendeuse de ces nuisettes habitant à Moribabougou nous explique qu’elle fabrique elle-même et vend ses marchandises au grand marché de Bamako. Toujours accompagnée de sa fille qui la seconde dans ses affaires, la dame nous confie que c’est grâce à ce commerce qu’elle arrive à subvenir à ses besoins et à être indépendante financièrement.

Traditionnellement, les « Péntèlú » ont depuis longtemps été utilisés par les femmes en Afrique comme moyen de séduction, on peut même dire comme accessoires lors des rapports sexuels. Certains rôles traditionnels lui sont conférés notamment la vérification de la virginité de la nouvelle mariée. C’est pratique se déroule jusqu’à présent dans les villages. Ils sont généralement portés par des femmes mariés pour pimenter le lit conjugal à travers les différents motifs qui sont beaucoup plus osés de nos jours.

D’après Fanta Koné, « le port du  ″Péntèlú″  pour une femme débute le jour du mariage jusqu’à la mort. Mais les jeunes filles n’hésitent pas aujourd’hui à le porter gâchant ainsi  le vrai sens des choses. »

Après la célébration du mariage, le soir lorsque la nouvelle mariée part pour la chambre nuptiale, on lui donne son premier « Péntèlú », le premier de toute une série qui composera toute la semaine nuptiale.

Pour fabriquer notre « Péntèlú », on utilise des tissus exclusivement adaptés pour cela (popeline, bazin)   qu’on orne avec pierres, des fils satinés de couleurs et de petites fleurs synthétiques selon la fantaisie du moment où le degré de créativité de la couturière.

Les « Péntèlú » peuvent être de toutes les couleurs selon le choix de la personne qui achète mais sont faits selon des mesures établies : 1m de tissu qu’on divise en deux ou trois coupons suivant la largeur selon la taille de celle qui la porte. On les apporte ensuite chez le tailleur qui fait les bordures et les lacets pour attacher. C’est après tout ce processus qu’on attache les accessoires.

Certaines clientes les préfèrent personnalisés avec les noms de leur mari, d’autres avec des phrases érotiques. Toutes les écritures sont effectuées avec des pierres attachées à l’aide de fils et d’une aiguille.

Ces nuisettes traditionnelles sont cédées à 1500F CFA pour ceux qui achètent en gros et 2000F CFA pour les détails. Il y a également des modèles pour 5 000F CFA qui sont composés de pagne et de soutien-gorge perlés. Mes clients sont surtout des femmes et le produit se vend très bien car y a toujours des nouveautés qui sont tentant. »

Pour Tata, sexagénaire habitant à Ouolofobougou, « le Péntèlú  est intime et ne doit être vu que par l’époux. C’est sur ce bout de pagne que doit se passer le devoir conjugal et c’est ça qui consolide les liens du mariage et et garde toujours la femme dans le cœur et la tête de l’époux. »

Selon madame Maguiraga, « elle ne s’imagine plus dormir sans ce petit pagne dont raffole son mari. Elle nous explique avec un grand éclat de rire qu’après ses noces, en tant que femme libérée et intellectuelle, elle a commencé à porter ses nuisettes occidentales qu’elle s’était procuré en quantité avant son mariage dans le but de rendre son mari fou. Ce dernier lui confia son goût particulier pour les « Péntèlú s » qu’elle arborait dans la chambre  nuptiale. Depuis elle a constitué tout un arsenal de Péntèlú  pour satisfaire les désirs de son homme. »

Pour Sitan Bah, « j’ai toujours été friande de ces petits pagnes qui me rendent coquette aux yeux de mon mari qui m’en fait cadeau d’ailleurs à chaque fois que l’occasion lui semble propice (mon anniversaire ou notre anniversaire de mariage). Je suis tellement habituée à mes « Péntèlú »  que je les porte sous mes vêtements de tous les jours car je me trouve nue sans eux et je trouve qu’ils donnent plus de forme à mes tenues. »

Si les nuisettes occidentales sont sexy, nos « Péntèlú s » traditionnels n’en sont pas moins aguichants avec tout l’art que déploient les couturières qui le font.

Mesdames, la balle est désormais dans votre camp pour casser la routine en cette période de couvre-feu en osant des « Péntèlú » qui ne demandent qu’à être admirés par vos maris !

Mariam Kouyaté et Fatoumata Diaby pour Nouvelles du Mali.